Une unité de soins psychiatrique à l’hôpital de Cery destinée aux patient.e.s avec handicap mental et atteint.e.s de TSA

Il aura fallu plus de 20 ans de discussions pour que cette unité de soins voit le jour, et encore, pour le moment elle n’est que dans des lieux provisoires…

A l’hôpital de Cery, trois nouveaux lieux ont été édifiés dont deux ont été ouverts en début d’année. Il s’agit d’une unité de psychiatrie pour adultes et personnes âgées et d’une unité de soins psychiatrique fermée pour mineurs. Le dernier lieu, qui nous intéresse, est prévu pour 2023: l’unité de soins psychiatrique pour personnes en situation de handicap mental.

En fouillant la littérature, on retrouve le long chemin qu’il a fallu parcourir pour arriver enfin à cette création.

Il faut comprendre que dans les années 1975-1980, le service de la santé publique avait fermé l’unité hospitalière spécialisée pour les « handicapés mentaux » qui vivaient donc dans ces unités, déplaçant alors ces personnes dans les ESE (établissements socio-éducatifs).

  • 1981-1989 : Les institutions et les associations de parents constatent les difficultés à s’occuper des personnes lors des crises. Il faut alors trouver des solutions.
  • 1992 : une étude de l’AVPHM (ancien insieme Vaud), avait élaboré un projet d’accueil temporaire pour personnes handicapées présentant des problèmes psychiques.
  • 2002 : un groupe de travail alerte l’Etat au vu de l’augmentation des cas dits complexes en instituions socio-éducative et cherche à obtenir des ressources pour la création d’un poste de psychiatre spécialisé ou la création d’une unité mobile (DCPHM : dispositif de collaboration psychiatrie handicap mental).
  • 2003 : le département de la psychiatrie adulte constate la difficulté de traiter ces personnes en hôpital psychiatrique et observe les difficultés financières à la création d’un lieu spécifique en psychiatrie. Il suggère de créer dans une des institutions du canton, un secteur spécialisé pour l’accueil temporaire des personnes dont la prise en charge est particulièrement éprouvante pour les équipes. Cette intéressante suggestion a d’ailleurs été reprise dans une interpellation au Grand Conseil par une représentante d’insieme Vaud. Malheureusement, cette idée pourtant simple, n’a jamais été prise en considération.
  • 2007 : le Grand Conseil étudie enfin un projet pour la réalisation d’une unité d’hospitalisation psychiatrique de crise pour personne souffrant d’un handicap mental.
10 ans plus tard, premiers coups de pioche et nous voilà presque arrivés au bout du chemin.

Mais il ne suffit pas d’avoir de beaux bâtiments, il faut y mettre à l’intérieur des compétences pour les soins et l’accompagnement de ces malades. On ne peut pas, comme cela a été fait durant plusieurs années, parquer simplement ces patient.e.s dans une chambre en leur donnant quelques calmants, sous prétexte qu’ils font peur au personnel de l’hôpital.

Suite à plusieurs interventions au Grand Conseil, un nouveau médecin connaissant bien la problématique du handicap mental, associé souvent à des troubles du spectre autistique, a été engagé. Le Dr. Guinchat a permis une nouvelle approche et surtout une compréhension et un respect de ces personnes.  

Il a alors réorganisé non seulement l’unité mobile, mais a aussi obtenu que l’unité de soins puisse voir le jour en un lieu provisoire, avant la fin des travaux. La prise en charge a totalement changé, dans les institutions on ne craint plus d’hospitaliser un.e résident.e, car on sait qu’il en ressortira apaisé et qu’un suivi sera établi.

Il aura fallu du temps et de la patience, mais nous avons l’impression que le but est atteint et que les soins sont enfin de bonne qualité.

Catherine Roulet, Co-Présidente d’insieme Vaud

Vous trouvez ici le communiqué du Canton de Vaud.